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Vert d'Azur : un pôle de formations ancré dans son territoire

Entre l'exploitation de productions horticoles comme support pédagogique, la participation des élèves aux expérimentations, et l'implication dans des chantiers-écoles, le centre de formations Vert d'Azur, à Antibes, devient un acteur de la vie professionnelle, engagé dans l'évolution technologique de la filière.

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Pour accueillir son séminaire de réflexion sur le thème « Innovations et partenariats en horticulture et paysage, vitrine du savoir-faire en régions » en février dernier, le réseau national thématique de l'horticulture et des paysages « Hortipaysage » (réseau d'enseignants de la DGER) avait retenu l'Eplefpa (établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole) Vert d'Azur, à Antibes (06). Un choix justifié par les actions engagées par l'établissement pour s'ancrer dans son territoire et tisser des liens étroits avec les professionnels de l'horticulture, du paysage et le secteur de l'expérimentation-recherche.

Côte d'Azur

UN TERRITOIRE PORTEUR

Le contexte touristique de la Côte d'Azur engendre une présence marquée des professionnels de l'entretien et de la création de jardins. « La collaboration avec eux est primordiale pour offrir des formations adaptées à leurs besoins, en lien avec ceux de leurs clients », explique Jean-Claude Boucaud, directeur de l'Eplefpa. Dans le domaine des productions horticoles, on constate un déclin global de l'activité avec la disparition de 30 % des exploitations ces dix dernières années. Cependant, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur demeure encore aujourd'hui l'une des premières de France pour la production horticole et dispose d'un bassin d'achat important. Pour rester compétitive et se démarquer de ses concurrents, elle doit être à la pointe en matière de respect de l'environnement et évoluer vers des secteurs en fort développement comme ceux des plantes aromatiques ou du maraîchage biologique. Pour cela, elle s'appuie sur les centres de recherche présents localement. « Notre établissement constitue un relais pour faire le lien entre la recherche-expérimentation, les professionnels et les consommateurs. Notre fil conducteur pour l'ensemble de nos actions est le développement durable en utilisant comme support pédagogique l'exploitation du lycée et les chantiers-écoles. Cette stratégie permet de répondre aux principales missions des établissements de l'enseignement agricole, à savoir : la formation, l'innovation et l'expérimentation, l'insertion professionnelle et scolaire, l'animation du territoire, la coopération internationale », souligne le directeur.

Devancer l'évolution des métiers

UNE DÉMARCHE D'AGRICULTURE DURABLE

L'exploitation agricole du lycée d'Antibes représente une surface totale de 2,2 ha comprenant environ 5 000 m2 de serres, 3 600 m2 de pépinière (en phase de restructuration), deux vergers (1,2 ha), un potager de 800 m2, un espace de vente qui nous permet notamment de tester l'attractivité des nouveautés sur lesquelles nous travaillons avec les centres de recherche », souligne Emmanuel Delmotte, directeur de l'exploitation.

En accord avec la stratégie de l'établissement, et pour suivre et devancer l'évolution des métiers et donc des futurs professionnels qu'elle forme, l'exploitation du lycée est pleinement engagée dans une démarche d'agriculture durable. Cela se traduit par la mise en place de différentes actions telles que l'introduction progressive de la PBI dans les serres, l'installation d'un système de recyclage des solutions nutritives et de gestion de l'eau, la réduction des intrants chimiques grâce au développement de pratiques de paillage et à l'utilisation de thermodiscs en fibre de coco biodégradable pour les conteneurs. L'Eplefpa varois est intégré au programme Dephy Écophyto (réseau national de démonstration, expérimentation, production de références sur les systèmes économes en phytosanitaires). La gestion des déchets verts est également un axe de travail avec la mise en place d'une station de compostage depuis 2005, tout comme le projet d'amélioration de la qualité du compost dans le but d'obtenir la certification NF-U-44 051 (amendements organiques).

Concernant la réduction des dépenses énergétiques, une réfection des serres a été réalisée. Elle a conduit au changement des parois en verre, à l'installation d'om Concernant la réduction des dépenses énergétiques, une réfection des serres a été réalisée. Elle a conduit au changement des parois en verre, à l'installation d'ombrages et d'écrans thermiques, à la mise en place de stations météo individualisées en liaison avec des systèmes d'ouvrants automatisés pour réguler la chaleur l'été. Plus récemment, depuis le 1er janvier 2013, la production maraîchère est en conversion bio avec un programme qui doit s'étendre sur trois ans et un objectif de production de légumes et de plants. Il s'agit de fournir, à terme, le service de restauration du centre, le magasin de vente mais aussi les dix-sept cantines d'Antibes. En outre, l'exploitation s'est lancée dans une démarche de certification Plante Bleue et pour ces deux projets de certification, un tiers-temps a été dégagé pour permettre à un enseignant de suivre au plus près ces dossiers.

« Tous les mois nous balayons l'ensemble des projets pédagogiques en cours pour faire en sorte qu'ils puissent s'intégrer au mieux dans le schéma global. Le directeur d'exploitation joue le rôle d'un chef d'orchestre ! », précise Emmanuel Delmotte.

Recherche et expérimentation

DES PROJETS LOCAUX ET INTERNATIONAUX

Les travaux d'expérimentation entrepris sur le site du lycée sont réalisés en partenariat étroit avec les centres de recherche-expérimentation de la région et en particulier le CREAT (centre de recherches économiques et d'actions techniques), station d'expérimentation de la chambre d'agriculture des Alpes-Maritimes et membre du réseau Astredhor. Un essai a, par exemple, été mené sur la culture du poinsettia en PBI. Dans le cadre d'essais de diversification de la gamme végétale en fleurs coupées et potées fleuries, le lycée a passé une convention avec le CREAT pour produire une gamme de plantes (présélectionnées par le centre de recherches), afin de les vendre et de pouvoir analyser la façon dont elles sont perçues par les consommateurs amateurs et professionnels. Une prolongation de l'étude – que le CREAT ne pourrait pas réaliser lui-même – est indispensable pour évaluer la potentialité de ces nouveaux produits.

Le projet Aroma, qui s'est déroulé entre 2010 et 2012, a permis de développer la coopération internationale avec l'Italie toute proche. Il concerne l'étude des plantes aromatiques et à parfum, qui sont traditionnellement présentes sur la Côte d'Azur et la Riviera italienne. L'objectif était de les inventorier, d'étudier leurs caractéristiques, d'explorer leurs potentialités pour de nouveaux usages avec sept axes de recherche : architecture environnementale et aménagement urbain ; production de biomasse et potées ornementales ; production de molécules bioactives ; protection des cultures avec stratégie de lutte intégrée ; productions alimentaires ; recherche ethnobotanique et historique ; formation et divulgation. Le lycée s'est plus particulièrement impliqué dans les deux premières et les deux dernières actions. Des élèves de tous les niveaux de formation, du CAPA au BTS, ont pu participer à la mise en place et au suivi des expérimentations, avec un fort intérêt qui s'est traduit notamment par une absence totale de dégradation. Le projet va se poursuivre par la mise en culture de certaines espèces (sauges et immortelles notamment) pour valider leur production dans un contexte de production commerciale.

Depuis 2008, l'Eplefpa participe aussi au programme de recherche et d'expérimentation sur la diversification de la palette végétale des toitures, coordonné par Plante & Cité et mené conjointement à Antibes, Angers, Lyon et la région parisienne. L'objectif est de trouver une gamme végétale adaptée à la sécheresse et aux conditions de développement des toitures végétalisées (faible substrat, vent en particulier). Ces végétaux doivent pouvoir être conduits selon un mode de gestion le plus extensif possible, sans apports d'eau et en limitant au maximum le nombre d'interventions. L'étude doit se poursuivre jusqu'en 2014.

Yaël Haddad

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